Résolution finale de la Convention
La 5 ° Convention ordinaire a recommandé au Conseil d’Administration du ROPPA de diligenter l’élaboration d’un système de suivi et d’alerte permettant de fournir aux plateformes des bases réelles d’appréciation de l’accaparement des terres et conséquemment de mobilisation sociale des exploitations familiales agricoles pour limiter voire enrayer cette nouvelle spoliation du patrimoine foncier de la région. Elle a également demandé au ROPPA d’engager le dialogue et l’interpellation des Etats et des OIG (Organisations Inter-Gouvernementales) sur ce phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur.
Extrait de:
RESOLUTION FINALE de la 5ème CONVENTION ORDINAIRE (Grand-Bassam, Côte-d’Ivoire 5 au 7 mai 2010 )
3. Sur les thématiques relatives aux ressources naturelles, à l’accès des exploitations familiales aux marchés domestiques et régionaux, à la place des filières au sein du ROPPA et au collège des femmes
Source: ROPPA
Texte complet
3. Sur les thématiques relatives aux ressources naturelles, à l’accès des exploitations familiales aux marchés domestiques et régionaux, à la place des filières au sein du ROPPA et au collège des femmes
(5° convention ordinaire- résolution finale, mai 2010)
La Convention a manifesté ses inquiétudes sur les proportions de plus en plus grandes récemment apparues en ce qui concerne la cession de terres agricoles à des entreprises privées étrangères, à des particuliers étrangers, sans oublier les élites nationales. La Convention a recommandé au Conseil d’Administration du ROPPA de diligenter l’élaboration d’un système de suivi et d’alerte permettant de fournir aux plateformes des bases réelles d’appréciation de l’accaparement des terres et conséquemment de mobilisation sociale des exploitations familiales agricoles pour limiter voire enrayer cette nouvelle spoliation du patrimoine foncier de la région. Elle a également demandé au ROPPA d’engager le dialogue et l’interpellation des Etats et des OIG (Organisations Inter-Gouvernementales) sur ce phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur.
La Convention a également retenu que les plateformes nationales et leurs OPPA faîtières devront prendre conscience de la nécessité d’accélérer la transformation des systèmes de production afin de préserver et d’user plus judicieusement des ressources naturelles. Dans ce sens et à leur niveau, elles devront, en lien avec les systèmes nationaux de recherche agricole, intensifier la promotion de technologies et de techniques déjà éprouvées. Elles devront également, dans les pays, sonner la mobilisation afin de convaincre les gouvernements à investir davantage dans le secteur agricole et à créer un environnement incitatif et favorable pour le financement, la protection du marché domestique et le renforcement des capacités, notamment des femmes et des jeunes.
Concernant l’accès aux marchés des exploitations familiales agricoles, la Convention se félicite des multiples initiatives endogènes en cours dans les pays et conduites par les OPPA faîtières avec le soutien de leurs plateformes nationales, des pouvoirs publics et des partenaires financiers des Etats. La Convention recommande au Conseil d’Administration du ROPPA d’entreprendre le plus vite possible une capitalisation des expériences et d’organiser le partage des leçons apprises.
La Convention a noté pour le déplorer les multiples entraves à la libre circulation des biens et des personnes au sein de la région et ce, malgré les courageuses décisions prises par les Etats au sein des plus hautes instances de la CEDEAO.
La Convention a pris bonne note des opportunités actuelles et futures induites par une demande croissante de produits alimentaires d’une population ouest-africaine en croissance. Pour réaliser ces opportunités en faveur des exploitations familiales agricoles, la Convention considère comme un impératif pour les plateformes nationales et leurs OPPA faîtières de travailler davantage sur la qualité au triple plan du produit, de l’information et de l’organisation. Il conviendra aussi d’accompagner les exploitations familiales agricoles à mieux organiser et gérer leurs activités dans une logique d’entreprise. L’ensemble de ces actions a pour but de rendre les produits agricoles, animaux, halieutiques et sylvicoles locaux compétitifs.
La Convention a analysé le contexte économique, politique et social de la région au regard de son ambition d’atteindre la souveraineté et la sécurité alimentaire. Il en ressort la nécessité d’augmenter durablement les productions de céréales, notamment du riz, de lait, de viande blanche, etc… Pour se faire, la Convention a reconnu et accepté l’importance des filières et leur prise en compte par le ROPPA.
La Convention a demandé au Conseil d’Administration du ROPPA de créer un espace au sein de son dispositif organisationnel dédié aux filières. Cet espace permettra d’organiser les concertations entre les OPPA des filières retenues comme prioritaires. La concertation pour chaque filière aura un statut consultatif. Les membres de la concertation représentant chaque pays seront désignés par la Plateforme Nationale. Concernant les modalités de travail de chaque concertation de filière, la Convention recommande que le programme d’activités défini par chaque concertation soit assorti d’un budget et soumis à l’approbation du Conseil d’Administration du ROPPA. L’exécution du programme de travail sera du ressort de la concertation de filière qui rendra compte au Conseil d’Administration du ROPPA qui assurera également la fonction de suivi. Cette proposition pourra être expérimentée durant trois ans au bout desquels une évaluation externe sera conduite aux fins de documenter les résultats et de permettre à la prochaine Convention de donner une suite.
La Convention recommande au Conseil d’Administration du ROPPA de finaliser la proposition ci-dessus et avec l’appui de personnes-ressources, de convoquer un atelier de lancement de cet espace pour les filières.
La Convention, considérant les ressources financières limitées et la nécessité de progresser dans l’expérimentation de cet espace, a recommandé au Conseil d’Administration du ROPPA de débuter avec les filières suivantes : riz, horticulture, bétail-viande, lait et pêche. La Convention a également insisté sur le caractère itératif à imprimer à l’expérimentation de cet espace, c’est-à-dire la nécessité pour les Plateformes Nationales et leurs OPPA de restituer les échanges et décisions du niveau régional aux exploitations familiales agricoles et d’impliquer le plus possible ces dernières dans l’élaboration des propositions à discuter au sein de chaque concertation de filière. La Convention a bien noté la forte implication des femmes des CNOP dans la promotion de l’Afrique Nourricière, notamment les initiatives prises pour mieux faire connaître et réhabiliter les produits locaux et les habitudes alimentaires.
Le Collège des femmes réaffirme son engagement et sa détermination à poursuivre et à élargir le dialogue et la concertation entre les femmes au sein des instances compétentes du ROPPA et des CNOP, renouveler et porter toujours les revendications et les propositions légitimes des femmes en vue de trouver des solutions durables à l’ensemble des problèmes qui limitent l’expression et la valorisation du potentiel des femmes dans le Réseau.