TERRE: Exhortation des Evêques d'Afrique

La Terre et l’eau (Proposition 30)

 

Au vu du fait que de grandes étendues de terre fertile et les ressources en eau sont exploitées sans aucun scrupule par des investisseurs étrangers et locaux en de nombreux pays d’Afrique, causant le déplacement et la spoliation de personnes pauvres et de leurs communautés qui sont souvent impuissantes face à cette “agression”, ce Synode en appelle avec urgence à tous les gouvernements de s’assurer que leurs citoyens soient protégés contre un éloignement inique de leurs terres et l’accès à l’eau, qui sont des biens essentiels pour la personne humaine.

Les Pères synodaux exhortent à ce que:

  • l’Église en Afrique cherche des informations à propos des questions agraires et hydriques et éduque le Peuple de Dieu pour le rendre capable d’affronter les décisions injustes dans ces domaines;
  • toute négociation sur les opérations concernant la terre soit conduite en toute transparence et avec la participation des communautés locales qui pourraient en être touchées ;
  • des accords concernant l’éloignement des terres ne soient pas contractés ou signés sans un consentement libre, informé et préalable des communautés locales concernées et que les gens ne puissent pas perdre leur terre sans une compensation adéquate;
  • puisque les investissements promeuvent la création d’emplois, il faut garantir aux travailleurs agricoles un juste salaire;
  • les modes de production agraire respectent l’environnement, et n’accélèrent pas le changement climatique, l’appauvrissement du sol et l’épuisement des réserves en eau potable;
  • la production de nourriture destinée à l’exportation ne compromette pas la sécurité et la souveraineté alimentaires et les besoins des futures générations;
  • les droits traditionnels à la terre soient respectés et reconnus par la loi;
  • l’eau ne soit pas exploitée comme une marchandise du circuit économique privé sans attention aux intérêts du peuple.

 

 

La justice sociale et l’éradication de la pauvreté (Proposition 17)


Les Pères du Synode ont plaidé pour une économie au service du pauvre et dénoncé avec vigueur un ordre économique injuste qui a conduit à la perpétuation de la pauvreté.
Nous proposons donc que :

(extraits)
3. Les dirigeants prennent des mesures adéquates (accès à la terre, à l’eau, infrastructures, etc.) pour remédier à la pauvreté et développer des politiques qui garantissent  l’autosuffisance alimentaire et des programmes éducatifs qui soient orientés vers la production ;
4. Une ultérieure suppression de la dette avec des conditions favorables soit recommandée et l’élimination de la pratique de l’usure ;
5. Les gouvernements africains soient plus prudents dans la demande de concessions et d’emprunts de telle sorte qu’ils n’endettent pas plus leurs peuples. Les pauvres et les marginalisés soient soutenus par des initiatives telles que la micro-finance, les programmes agraires et autres similaires comme signe concret de la solidarité de l’Église avec les pauvres et les marginalisés ;
6. L’Afrique soit activement impliquée comme partenaire important dans les processus de prise de décision sur le commerce international et les questions socio-économiques qui l’affectent ; et
7. Les efforts susmentionnés soient inspirés et régis par des valeurs humaines authentiques de promotion intégrale et de développement humain.

 

Source: Propositions finales du 2ème Synode des Evêques d'Afrique (Rome, 4-25 octobre 2009)

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