1406 Signification de la terre dans l’économie, la politique et la culture africaines

L’accès à la terre sera une question cruciale pour le développement économique de l’Afrique dans un proche avenir, parce qu’il est essentiel pour le bien-être et la survie de sa population rurale. Les exploitations familiales jouent un rôle important comme producteurs de nourriture et comme gardiens des ressources naturelles. Par conséquent, la décision des Nations unies de déclarer 2014 l’année internationale de l’agriculture familiale doit être la bienvenue. Cependant, cette initiative est contredite dans les faits par les politiques et les pratiques de certaines institutions financières internationales.

 

 

Les exploitations familiales sont soumises à une pression croissante à cause de la menace d’accaparement de terres, où des investisseurs étrangers et locaux achètent ou louent de grandes surfaces de terres dans la campagne africaine. Ces terres sont souvent présentées aux investisseurs comme “en jachère”, “sous-utilisées” ou “vacantes”. On estime qu’environ 56 à 227 millions d’hectares ont été transférés dans les 5 à 10 dernières années, la majorité, 60 à 70%, de ces transactions ayant lieu en Afrique.

 

 

A la lumière du défi démographique auquel l’Afrique fait face, on s’attend à ce que sa population double pour atteindre 2 milliards d’ici 2050, il sera crucial d’augmenter la production alimentaire. Cependant, il faut que nous mettions en question la logique des acquisitions des terres à grande échelle sous prétexte de la modernisation de l’agriculture africaine, parce que beaucoup de grandes plantations « modernes » produisent principalement pour l’exportation, ce qui met en danger la souveraineté alimentaire des agriculteurs locaux. Une agriculture commerciale durable basée sur la sagesse culturelle demandera un accès amélioré des exploitations familiales à des matières premières, des marchés locaux et des canaux de distribution, plutôt qu’à l’extension de grandes plantations.  

 

 

Les décideurs politiques devront aussi trouver des réponses à la formalisation du capital informel, comme des terres agricoles non enregistrées. Un tel processus de formalisation de la terre agricole devra tenir compte de la réalité africaine, où la propriété de la terre peut être basée sur des droits coutumiers ou une propriété commune. Les propriétés communes rurales ont des limites fluides et sont utilisées par tous les membres d’une communauté. En Afrique, la terre est beaucoup plus qu’un simple actif financier : elle fait partie de l’identité des gens. Cette notion de terre est opposée à la notion occidentale de propriété individuelle. Les réformes agraires en Afrique ne devraient pas se baser sur la notion étroite de la propriété en Occident, mais elles devraient prendre en compte ces formes de propriété collective aussi bien que les modèles coopératifs d’usage de la terre.

 

 

Source: The African Executive

 

 

Présentation par Michael D. Higgins lors d’une conférence intitulée :  “Imagining Land: the Significance of Land in African Economics, Politics and Culture.”

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