La contribution africaine au maintien de la paix onusien
Au début des années 60, des pays africains ont contribué au déploiement de l’Opération des Nations Unies au Congo (ONUC). Depuis lors, quelques 40 états africains ont pourvu du personnel militaire pour les opérations de maintien de la paix. L’Afrique Occidentale est la région la plus engagée et les anglophones sont les plus nombreux. Cette participation montre d’un côté la volonté des Africains de jouer un rôle prépondérant dans le maintien de la paix dans le continent, mais aussi un intérêt économique pour les 1.000 dollars mensuels que l’état reçoit pour chaque soldat onusien. Certains de ces pays ont influencé la conclusion d’accords de paix ou de processus de sorties de crises en Afrique.
Les pays occidentaux sont prêts à appuyer les armées africaines pour qu’elles assurent la sécurité du continent, sous la direction de l’ONU et en accord avec les organisations régionales, mais elles ne sont pas prêtes à engager leurs soldats directement. L’Afrique Occidentale est la région la plus engagée. La CEDEAO a été présente au Libéria (1990), au Sierra Leone (1997), en Guinée-Bissau (1998), en Côte d’Ivoire (2002) et actuellement au Mali (2013). L’Union Africaine (UA) a été très active dans la crise politique du Burundi (2003), ainsi qu’en Somalie sous l’égide de L’IGAD[1].
En 2003, le Nigeria, le Ghana et le Sénégal, le Bénin, le Burkina Faso et le Niger ont fourni 70% des casques bleus africains. L’intérêt de l’Afrique Occidentale pour le maintien de la paix est lié à l’instabilité politique endémique dans certains pays de la région. C’est aussi le cas de l’Afrique Orientale qui ne fournit qu’entre 20 et 30% des casques bleus. L’Afrique du Nord contribue avec 10 à 15% et l’Afrique australe avec environ 10%. L’Afrique centrale, une région très touchée par les conflits et l’instabilité (Tchad, RCA, Congo-Brazza, Cameroun, Nigeria) envoie moins de 1% de Casques bleus au sein des missions onusiennes. Dans la région des Grands Lacs, où les rébellions et conflits abondent, la contribution aux opérations de maintien de la paix est significative. Le Rwanda est devenu l’un des principaux fournisseurs à l’ONU avec 4.686 soldats déployés en juin 2013. L’Ouganda et le Burundi fournissent actuellement 73% des 15.000 soldats déployés par l’Union africaine en Somalie (AMISOM). La contribution de l’Afrique australe est de 10% du contingent africain. L’Afrique du nord malgré sa force militaire necontribue qu’entre 15 et 20% au maintien de la paix (l’Égypte et le Maroc).
Les anglophones sont les plus nombreux dans les missions de paix et cela même quand la mission se déroule dans des pays francophones comme en RD Congo. Par contre au Soudan ce sont les Rwandais qui constituent une part importante du contingent militaire. Cela entrave la communication avec la population. La faiblesse des contributions francophones peut être liée au manque de professionnalisme de leurs armées.
L’Afrique continue, depuis le début des années 90, d’absorber l’essentiel de l’effort de paix onusien, en raison de sa situation sécuritaire qui s’est dégradée depuis bientôt trois décennies. Sur la soixantaine d’opérations de maintien de la paix de l’ONU depuis 1948, près de la moitié se sont déployées en Afrique et, sur les 16 opérations en cours, 7 s’y déroulent actuellement. Ces 7 missions totalisaient au 30 avril 2013 environ 62.400 Casques bleus, soit les trois quarts des soldats onusiens. Pendant que la moyenne de participation féminine est de 3%, depuis 2008 les pays africains ont octroyé 5% des postes à leurs ‘soldates’, car ils ont une plus grande participation des femmes aux opérations de paix que les autres continents.
Source : La note d’analyse du GRIP par Bakari Traore http://www.grip.org/sites/grip.org/files/NOTES_ANALYSE/2013/NA_2013-08-30_FR_B-TRAORE.pdf
[1] IGAD, Autorité Intergouvernementale sur le développement formée par huit pays d’Afrique orientale: Djibouti, Erythrée, Ethiopie, Kenya, Ouganda, Somalie, Soudan, Sud Soudan.