Le droit à l’eau potable et à l’assainissement reconnu à l’ONU remis en cause

Femme puisant de l'eau dans un réservoir
pope2gee

 

21 mars 2012 - Le droit à l’eau potable et à l’assainissement reconnu à l’ONU pourrait passer à la trappe et ne jamais être inscrit dans les lois nationales!

 

La reconnaissance légale par l’Assemblée Générale (juillet 2010) et l’inscription de ce droit dans la juridiction des conventions internationales relatives aux droits de l'homme par le Conseil des droits de l’homme (nov. 2010) deviendront inefficaces si certains pays refusent de reconnaître leur engagement et n’inscrivent pas ce droit dans leurs lois.

 

Or la Grande-Bretagne, le Danemark (présidence de l’UE), le Canada et la Nouvelle-Zélande, suivis de l’UE, font pression  pour supprimer la reconnaissance internationale de ce droit humain qui représente une entrave à la privatisation de l’eau et rend difficile de faire affaire sur l’eau et l’approvisionnement en eau. Alors que les négociateurs des gouvernements s’accordent sur les textes du prochain  Sommet de la Terre pour un développement durable (Rio+20), l’UE prépare l’ « annulation » du droit à l'eau potable et à l’assainissement reconnu par l’assemblée générale de l’ONU en juillet 2010. Les négociateurs de l’UE modifient le texte de Rio+20 de façon telle que l’ONU ne pourra plus faire valoir de consensus sur ce droit. Or sans consensus, ce droit n’est plus reconnu.

 

«Les Etats perdent leur temps à renégocier leurs propres décisions plutôt qu'à mettre en œuvre le droit à l'eau et à l'assainissement pour tous», a souligné Mme de Albuquerque,Rapporteur spécial de l'ONU pour l'eau. "Nous devrions marquer la Journée mondiale de l'eau par le progrès, et pas à débattre la sémantique, et certainement pas à faire un retour en arrière sur ces questions."

"Rio +20 et les objectifs de développement post-2015 ne doivent pas trahir les engagements antérieurs sur le droit à l'eau et à l'assainissement. Il est temps maintenant de se concentrer sur la population mondiale qui n'a pas accès à l'eau potable et à un assainissement adéquat", a déclaré le Rapporteur spécial de l'ONU lors de la Journée mondiale de l'eau.

 

 

Détails des modifications proposées par l’UE dans le texte Rio+20 avant retrait la veille du vote:

L’UE défend les intérêts de l’industrie de l’eau en éliminant l’entrave que représente la reconnaissance du droit humain essentiel et en mettant l’accent sur la gestion. Pour ce faire, elle demande de remplacer les mots « droit à l’eau » par « réaliser un accès universel » ;

elle demande de supprimer la référence aux droits humains en suppriment les mots: « pour la pleine jouissance de la vie et tous les droits de l'homme » ;

elle demande de remplacer «l'importance cruciale des ressources en eau »  par «l'importance cruciale d’une gestion intégrée des ressources en eau » ; etc.

 

Rappel :

Par résolution non contraignante, l'Assemblée Générale des Nations unies a affirmé le 26 juillet 2010 que le droit à l'eau potable salubre et propre est un droit humain essentiel. Le Conseil des droits de l'homme et l'Organisation mondiale de la Santé ont aussi reconnu ce droit. L'objectif de cette reconnaissance signataires est d'accroître les efforts des gouvernements pour fournir « de l'eau potable, salubre, propre, accessible et abordable et l'assainissement pour tous ».

Plus de détails, voir :

La reconnaissance du droit à l'eau par l'ONU change-t-elle la réalité ?
Déclaration sur le droit à l'assainissement par les Nations unies - CESCR (Novembre 2010)
L'ONU déclare que l'accès à l'eau potable et à l'assainissement est un droit humain (Juillet 2010)

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