Commerce – Etat des négociations et perspectives d'avenir
Les négociations pour un Accord de Partenariat Economique (APE) se trouvent actuellement dans l'impasse. L'automne dernier, la tentative de la Commission Européenne de donner un nouvel élan aux négociations n'a pas produit l'effet souhaité. Les négociations avec les deux groupes régionaux qui semblaient les plus proches de la signature d'un accord l'automne dernier: l'Afrique australe (SADC) et la Communauté d'Afrique orientale (EAC), sont arrivées à un point mort et, pour le moment, on ne voit pas clairement si elles vont reprendre, ni quand. Les négociations avec les trois autres blocs régionaux: Afrique occidentale (CEDEAO), Afrique Centrale (CEMAC) et Afrique australe et orientale (ESA), s'étaient déjà arrêtées l'an dernier. [1]
Il n'est pas possible, actuellement, de prédire comment la Commission réagira si l'impasse persiste au cours des prochains mois. Les pays les plus vulnérables sont les pays qui ne sont pas les moins avancés (PMA). Contrairement aux PMA, ils ne bénéficient pas du schéma 'Tout sauf les armes' (TSA) de la Commission, qui permet des exportations libres de droits vers l'Union Européenne. Par conséquent, le risque existe que des droits soient imposés sur les exportations, ce qui les rendrait plus chères et donc moins attrayantes pour les consommateurs européens. Comme elle a peu de puissance pour forcer les PMA à signer un accord, la Commission Européenne a des chances de focaliser son attention sur les autres pays, là où il est plus facile d'augmenter la pression. Par conséquent, il est nécessaire d'être prêts à une telle éventualité et de riposter aux propositions de la Commission.
Au niveau de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), il y a des tentatives pour relancer les négociations du cycle de Doha. Celles-ci s'étaient arrêtées en 2008 sur une série de questions importantes comme l'agriculture, les tarifs industriels et les barrières non tarifaires, et les services. Les différences les plus significatives se situaient entre les nations développées, d'abord et avant tout les Etats-Unis et le Japon, et les principaux pays en voie de développement, emmenés et représentés principalement par le Brésil, la Chine, l'Inde et l'Afrique du Sud. Maintenant, le plan est de conclure les négociations d'ici la fin 2011. Cependant, on peut rester sceptique au sujet des possibilités de succès, car aucun compromis n'a encore été atteint sur aucune des questions litigieuses, et les groupes de travail individuels sont déjà en retard sur le calendrier pour présenter leurs premières ébauches de documents.
Avec l'arrêt des négociations de Doha, d'autres problèmes qu'il était prévu de traiter au cours des négociations, comme les subsides à l'agriculture dans les pays développés, restent non résolus. En mars 2011, UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) a lancé son initiative sur le coton pour attirer l'attention sur le dommage causé par les subsides au secteur du coton dans l'Union Européenne, et encore plus aux Etats-Unis, au secteur du coton en Afrique, en particulier au Mali, au Bénin, au Burkina Faso et au Tchad. Dans ces pays, le coton est un produit agricole vital, mais le coton de ces pays concurrence très difficilement, sur les marchés mondiaux, le coton provenant d'agriculteurs des pays développés, qui peuvent vendre le leur à des prix moins élevés grâce aux subsides qu'ils reçoivent. Si le cycle de Doha échoue, de tels cas deviendront probablement plus fréquents à l'avenir.
Thomas Lazzeri
[1] On peut trouver une vue d'ensemble détaillée de la situation dans les régions individuelles dans APE Etat des négociations – Octobre 2010 à http://www.aefjn.org/index.php/info-391/articles/ape-etat-des-negociations-octobre-2010.html