Une 'récolte précoce' à l’OMC semble improbable
Le Cycle de négociations de Doha a été lancé au niveau de l’OMC en novembre 2001. Son objectif est d’abaisser les barrières commerciales à travers le monde pour faciliter la croissance du commerce mondial. Depuis 2008, les négociations se sont bloquées sur une division au sujet de questions importantes, telles que l’agriculture, les tarifs industriels et les barrières non tarifaires, les services et les remèdes au commerce. Les différences les plus significatives se trouvent entre les nations développées menées par l’Union Européenne (UE), les Etats-Unis (USA) et le Japon, et les principales nations en voie de développement menées et représentées surtout par le Brésil, la Chine, l’Inde, la Corée du Sud et l’Afrique du Sud.
En octobre 2009, la Déclaration de Dar es Salaam, adoptée par les ministres du commerce des pays les moins avancés (PMA), a appelé des ‘résultats rapides’ sur trois priorités essentielles : accès au marché libre de droits et de quotas, traitement préférentiel pour les demandes de services des PMA, et une élimination ‘ambitieuse et rapide’ des subsides sur le coton. Cette proposition, surnommée ‘récolte précoce’, a d’abord reçu peu d’attention, car les acteurs principaux de l’OMC restaient focalisés sur la conclusion du Cycle de Doha. Comme les négociations du Cycle de Doha continuaient à stagner, on a commencé à accorder davantage d’attention à la possibilité de conclure une transaction de récolte précoce pour la fin de 2011, et en mai Pascal Lamy, directeur général de l’OMC, a soutenu officiellement l’idée.
Cependant, le « paquet » de récolte précoce rencontre aussi des difficultés maintenant, car certains des pays les plus développés, particulièrement les USA, ont exprimé leur perplexité au sujet de cette option. En particulier l’inclusion proposée d’une transaction sur les subsides pour le coton est difficile à accepter pour les USA.
En juillet 2004, les membres de l’OMC étaient d’accord qu’il fallait s’occuper du coton ‘de manière ambitieuse, expéditive et spécifique’ à l’intérieur des négociations sur l’agriculture. Depuis lors, de fait rien ne s’est produit. Les ‘quatre du coton’ : le Bénin, le Burkina Faso, le Mali et le Tchad, ont proposé une formule qui éliminerait progressivement le soutien domestique au coton plus rapidement et plus ambitieusement que les subsides pour les autres produits agricoles. Les Etats-Unis, qui sont le principal pays visé ici, ont refusé jusqu’à présent d’entrer dans des négociations sur des nombres et des calendriers ; ils insistent sur le fait que la question ne peut pas être réglée avant qu’une transaction n’ait été définie sur l’agriculture dans son ensemble, y compris l’accès au marché.[1]
Pour le moment il semble que la réunion ministérielle de l’OMC de décembre se trouvera incapable de discuter beaucoup plus que les questions ordinaires d’administration, et, ce qui est plus triste et plus ennuyeux, les PMA se verront refuser une fois de plus les mesures dont leurs économies ont si cruellement besoin, tandis que les fermiers occidentaux continuent à jouir de subsides considérables.
Thomas Lazzeri
[1] Pour plus d’informations sur la question des subsides pour le coton, voir les subsides occidentaux sur le coton mettent les fermiers africains en danger à http://www.aefjn.org/index.php/materiel-392/articles/les-subsides-occidentaux-sur-le-coton-mettent-les-fermiers-africains-en-danger.html