Levée de l'interdiction de l'exploitation minière dans l'est du Congo

Le 10 mars, le président Kabila a levé l'interdiction de l'exploitation minière dans les provinces orientales du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et du Maniema au Congo. L'interdiction avait été prononcée en septembre 2010, en réaction au viol de plus de 300 femmes et enfants dans le territoire de Walikale, au Nord-Kivu, entre le 30 juillet et le 2 août 2010. D'après les Nations unies, l'attaque avait été menée par des soldats rebelles pour punir les villageois de s'être entendus avec les forces gouvernementales.

 

Au moment de l'attaque, le gouvernement congolais a déclaré qu'une des raisons sous-jacentes à l'attaque était l'exploitation des minerais dans la région, car des milices rivales visent à contrôler les ressources naturelles de la région. Des minerais du Congo ont une importance vitale pour l'industrie européenne. Pour ne donner qu'un exemple, on peut trouver du coltan du Congo dans les piles de nombreux téléphones mobiles européens.

 

Déjà pendant que l'interdiction avait cours, des critiques faisaient remarquer son inefficacité. La région du Congo oriental est tellement vaste et isolée qu'il était impossible de déployer assez d'hommes pour faire observer efficacement l'interdiction de l'exploitation minière. En fait, des civils continuaient à être enrôlés par des groupes armés pour du travail forcé dans les mines.

 

De plus, des soldats du gouvernement faisaient partie du problème plutôt que de représenter une solution. Très souvent ils ne faisaient pas observer la loi et l'ordre dans la région, mais ils étaient eux-mêmes impliqués dans le commerce des ressources naturelles. Un rapport des Nations unies, publié peu après l'attaque de Walikale, a fait remarquer que l'armée congolaise était incapable d'assurer la sécurité dans la région, précisément parce que certaines de ses parties s'entendaient avec des groupes de milice pour s'enrichir. "Global Witness" ("témoin mondial") accuse le gouvernement congolais de ne pas avoir fait grand-chose pour mettre fin au contrôle des militaires sur les mines et il affirme que, durant les mois de l'interdiction, leur contrôle sur les activités minières n'a fait qu'augmenter.

 

Un effet secondaire négatif de l'interdiction imposée fut que près de deux millions de familles qui dépendaient des revenus générés par les mines étaient laissées sans la source de leur revenu, alors que cette interdiction n'empêchait pas les groupes armés de continuer des activités minières pour se financer.

Lorsqu'il a lancé l'interdiction de l'exploitation minière, le gouvernement congolais a déclaré qu'il avait l'intention d'établir un mécanisme plus officiel pour l'exploitation minière dans le pays; ce mécanisme devrait permettre aux bénéfices de l'exploitation d'atteindre les communautés locales et non les groupes de milice. Bien que le gouvernement ait prétendu que l'interdiction avait permis de ré-établir l'ordre dans le secteur et que rien ne serait comme avant l'interdiction, la réalité est que l'interdiction fut un échec, elle n'a pas atteint ses objectifs et les affaires ont continué comme toujours.

 

Après la levée de l'interdiction, le gouvernement a lancé un code de conduite qui visait à réduire la fraude et à augmenter la transparence dans l'industrie minière. Lorsqu'on considère l'incapacité du gouvernement congolais à imposer ses lois dans le secteur minier, il est très difficile de voir comment ce code de conduite pourrait avoir aucun impact positif.

 

 

Thomas Lazzeri

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