Mandat alternatif de santé pour l’Afrique

WHO

 

Il y a de l’agitation parmi les ONG à propos du mandat alternatif de commerce. Bien qu’elles ne soient pas toutes d’accord sur tous les détails, elles s’accordent généralement sur le fait que les lois et politiques commerciales actuelles entre l’Europe et l’Afrique sont injustes. Elles veulent des politiques et des lois plus justes, qui seront caractérisées par un commerce plus équitable, non seulement pour les biens mais aussi pour les services.

L’épidémie actuelle d’Ebola sur la côte ouest de l’Afrique a révélé, non seulement à quel point le système sanitaire de l’Afrique a été appauvri par des lois et politiques commerciales injustes, et le besoin urgent d’un commerce plus équitable, spécialement en ce qu’il affecte le système de santé de l’Afrique. Elle révèle aussi à quel point les institutions mondiales et les institutions de l’UE sont malades. L’effort actuel pour contrôler Ebola en Afrique n’est qu’un premier secours. Il y a également un besoin urgent de traiter le fléau au niveau des politiques et des lois pour améliorer définitivement le système sanitaire de l’Afrique.

Le système sanitaire mondial n’est pas un système isolé. Il fait partie intégrante des politiques économiques du monde et de l’exercice du pouvoir. Il faut poser certaines questions pertinentes, même si nous n’avons pas le courage de répondre : Qu’est-ce qui est au centre de nos politiques socio-économiques ? Les êtres humains et leurs besoins OU le profit ? Qu’est-ce qui motive les politiques des sociétés pharmaceutiques dans l’élaboration de médicaments ? Les besoins de santé des humains ou le profit ? Quand les politiques économiques sont motivées par le profit des sociétés transnationales, elles prennent un très lourd tribut sur les systèmes publics de santé.

Ebola a été isolé pour la première fois en 1976 et presque quatre décennies plus tard, aucun vaccin ni médicament n’a été élaboré pour cette maladie. Si Ebola avait son origine en Europe ou en Amérique, l’histoire serait-elle la même qu’aujourd’hui ? Si les médicaments étaient élaborés pour prendre soin des besoins de la santé humaine plutôt que pour le profit, n’aurait-on pas trouvé des solutions depuis toutes ces années ?

Le documentaire, "Fire in the Blood" (Feu dans le sang) raconte l’histoire de la façon dont des sociétés pharmaceutiques et des gouvernements occidentaux ont bloqué agressivement l’accès à des médicaments à bon marché contre le sida pour les pays d’Afrique et le Sud global. Il a fallu l’intervention d’hommes au cœur humain comme Desmond Tutu, Bill Clinton, Joseph Stilglitzpour arrêter le génocide mais l’injustice contre l’Afrique à travers des politiques commerciales injustes a continué à s’exprimer par la manière dont Ebola et d’autres maladies tropicales sont traitées par les institutions mondiales et l’UE.

Dans cette veine, nous, à AEFJN, nous soutenons le rapport commun récent de : Programme de développement des Nations unies, Commission de l’ONU pour les droits de l’homme et Organisation mondiale de la santé pour adopter l’approche des droits humains au commerce, qui changerait le système mondial de santé. Le Pape François a aussi réitéré cette approche du commerce dans son adresse récente aux membres du Parlement Européen. Il souligne que la personne humaine possède des droits inaliénables que personne ne peut prendre arbitrairement, encore moins pour le bien de l’économie. Il exprime son grand désappointement de ce que les débats politiques sont constitués par une question technique et économique plutôt que par un souci authentique pour les êtres humains.

Adopter une approche de droits humains du commerce considérerait les besoins humains et le droit à la vie avant le profit. L’approche traitera à la fois le système sanitaire appauvri de l’Afrique, la souveraineté alimentaire, l’accaparement de terres, des questions écologiques et d’autres questions économiques.

La réponse à l’épidémie d’Ebola a soulevé une question très sérieuse au sujet du financement de l’OMS. Puisque l’OMS est financée actuellement par des dons de personnes individuelles, d’organisations collectives et de gouvernements, il est clair que l’OMS respectera certainement les intentions et les programmes de ses donateurs. Par exemple, les médicaments et vaccins expérimentaux pour Ebola existent depuis longtemps mais l’OMS n’a pas considéré cela comme une priorité, spécialement depuis que le gouvernement des Etats-Unis a cessé de considérer Ebola comme une menace potentielle de bioterrorisme. C’est pourquoi AEFJN soutient fortement l’appel à revenir aux contributions obligatoires pour l’OMS élaborées dans les années 80. Ceci donnera à l’OMS la liberté d’organiser une réponse plus efficace aux problèmes de santé mondiaux. 

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