G8 et sécurité alimentaire (25-26 juin 2010)
Pas un mot sur l’accaparement de terres
Dans la déclaration finale, le G8 expose valablement quelques facteurs aggravant l’insécurité alimentaire : « La sécurité alimentaire reste un obstacle majeur et immédiat au développement dans le monde, une situation de surcroît exacerbée par les changements climatiques, l’augmentation de la demande alimentaire mondiale, l’insuffisance des investissements passés dans le secteur agricole et l’extrême volatilité des prix, qui a des incidences dévastatrices sur les plus vulnérables. » (Article 16)
Mais, comme on peut s’y attendre, parmi les ‘solutions’ qu’il préconise, le G8 ne parle nullement du soutien et de l'amélioration de la production locale de nourriture telle que défendue dans le rapport scientifique de l’IAASTD. Il ne fait aucune allusion à l’accaparement des terres et à la protection des droits des communautés locales d’agriculteurs et d’usagers. Quant à la ‘volatilité des prix’, le G8 ne propose pas de solution radicale au système qui engendre cette volatilité et encore moins "d’abolir les subventions à la nourriture dans le Nord qui mettent en péril le droit à la nourriture des peuples des pays en développement" comme le demandaient plusieurs ONG.
Pour lire la déclaration finale du G8:
http://g8.gc.ca/fr/sommet-du-g8/documents-du-sommet/declaration-du-g8-a-muskoka-reprise-et-renaissance/
Extrait: Article 16:
La sécurité alimentaire reste un obstacle majeur et immédiat au développement dans le monde, une situation de surcroît exacerbée par les changements climatiques, l’augmentation de la demande alimentaire mondiale, l’insuffisance des investissements passés dans le secteur agricole et l’extrême volatilité des prix, qui a des incidences dévastatrices sur les plus vulnérables. En 2009, à L’Aquila, de concert avec d’autres pays et organisations, nous avons adopté des principes fondamentaux pour améliorer la sécurité alimentaire, à savoir recourir à une approche globale, investir dans les plans pris en charge par les pays, renforcer la coordination stratégique, mettre à contribution les atouts des institutions multilatérales, et remplir nos engagements de façon soutenue et responsable. Nous avons lancé l’Initiative de L’Aquila pour la sécurité alimentaire (IASA) sur la base de ces principes et avons finalement mobilisé un fonds de 22 milliards $US aux fins du développement agricole durable sur un horizon de trois ans, tout en maintenant notre ferme engagement à assurer une aide alimentaire d’urgence appropriée. Cette initiative a contribué à dégager un vaste consensus, permis de faire avancer la réforme du Comité de la sécurité alimentaire mondiale et facilité la mise en œuvre du Partenariat mondial pour l’agriculture et la sécurité alimentaire. Au 30 avril 2010, nous avions déboursé/attribué 6,5 milliards $US et sommes résolus à débourser/attribuer le montant total de nos engagements nationaux d’ici 2012. Nous prenons les mesures voulues pour assurer une approche coordonnée aux niveaux national, régional et mondial, tout en continuant de focaliser sur les initiatives prises par chaque pays. Nous nous réjouissons du lancement du Programme mondial pour l’agriculture et la sécurité alimentaire. Ce programme, piloté par la Banque mondiale, comporte 880 millions $ sous forme d’engagements, ainsi que d’autres initiatives et mécanismes complémentaires, par exemple le Fonds africain pour l’agriculture. Nous soulignons l’importance cruciale de la responsabilisation si on veut que ces engagements collectifs soient respectés, ainsi que la contribution essentielle de la recherche à la lutte contre la faim et la pauvreté, notamment parce qu’elle accroît la productivité agricole durable, et nous réitérons notre soutien à la réforme en cours des réseaux de recherche mondiaux. Le recul de la malnutrition est un résultat fondamental visé par notre Initiative de sécurité alimentaire, et il contribuera à améliorer la santé maternelle et infantile.