Economiser les sous et prodiguer les louis: une philosophie contre-productive

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L’antenne du Royaume-Uni d’AEFJN a organisé en novembre un événement auquel le Secrétariat International du réseau à Bruxelles a participé. Le thème de l’événement était : C’EST MAINTENANT OU JAMAIS ; SOIN DE LA CREATION, SOIN DE L’HUMANITE. Parmi d’autres choses, c’était une occasion de réveiller une plus grande sensibilité aux implications potentielles d’un résultat sans ambition de COP21 pour l’Afrique et pour la communauté mondiale, de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition dans le Sud global à une nouvelle vague de crise migratoire, de terrorisme et d’insécurité dans le Nord global; et toutes les formes de désastre naturel occasionnées par le déséquilibre écologique. L’antenne considère la conférence COP21 qui  commence à Paris le 30 novembre comme le combat de notre vie où chaque Pierre, Jacques ou Jean doit être impliqué de sorte que l’habitude du cœur du monde des affaires ne prévale pas à nouveau au détriment de la création et de l’humanité.

 

Le représentant du Secrétariat a écouté avec grand intérêt les orateurs qui se succédaient pour fustiger, avec colère et indignation, l’échec des gouvernements dans le passé à arriver avec un engagement ambitieux pour atténuer le changement climatique ; une situation qui a fait de l’ONU un canard boiteux perpétuel. Ce qui ressortait des discours était le manque de sincérité de la part des gouvernements nationaux du Nord global pour traiter les défis du changement climatique. Au cours des négociations de ces deux dernières décennies, ils se sont montrés plus intéressés à leurs intérêts nationaux qu’au bien commun mondial, dans l’espoir que les dieux de la technologie et des marchés financiers auraient la clé magique de chaque problème du monde. Il faut encore que vienne à la conscience du Nord global que la crise migratoire, les vagues de terrorisme, d’autres formes de crise sociale et environnementale sont des produits des mêmes structures économiques injustes. C’est un cas particulier d’économiser les sous en prodiguant les louis; de masser les effets plutôt que de traiter les causes à la racine.

 

Lors d’une réunion récente entre l’UE et les dirigeants africains à Malte pour trouver une solution durable à la crise migratoire, l’UE a manifesté une fois de plus cette attitude d’économiser les sous en prodiguant les louis. NkwaziMhanga a observé avec justesse que la réunion a démarré sur des prémices très erronées, parce qu’il y a plus de migrants d’Asie et d’Europe orientale que d’Afrique vers l’UE. Néanmoins, ce qu’AEFJN considère comme le plus contraire à la dignité humaine des Africains était l’offre de 2 milliards de dollars de la part de l’UE aux plus de 50 pays du continent, pour qu’ils délivrent la formule magique qui mettra fin à la migration, contre la demande des dirigeants africains à l’UE pour qu’elle redresse le déséquilibre commercial qui a caractérisé la relation entre les deux continents et qui est à la racine de la migration. Entre-temps, l’Allemagne seule dépense déjà 20 milliards d’euros et est prête à en dépenser encore 16 milliards pour traiter la crise des réfugiés. Notre conjecture, à AEFJN, est que l’offre de 2 milliards est la manière caractéristique de l’UE de masser les dirigeants africains de sorte que la machine européenne de pillage des ressources africaines continue avec la même force.

 

Dans une veine semblable, l’UE considèrerait de donner une aide au développement commercial du Nigéria pour que le Nigéria consente aux APE, plutôt qu’un accord commercial plus juste demandé par le Nigéria, de sorte que ses citoyens mènent une vie plus digne au Nigéria sans être forcés par la condition économique hachée à chercher des pâturages plus verts en Europe. L’histoire est la même entre l’UE et les autres pays d’Afrique. AEFJN souligne que ce dont l’Afrique a besoin de la part de l’Europe, c’est le respect pour notre humanité commune et la justice dans les relations commerciales et pas de l’aide ! Cela reste le nœud de ce qu’AEFJN continue à exiger de l’UE.

 

Chika Onyejiuwa, CSSp

AFRICA-EUROPE FAITH AND JUSTICE NETWORK

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