1610 Un autre visage de la crise de la migration en Afrique

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Nulle part les villes ne se développent plus vite qu’en Asie et en Afrique. Cependant, les développer de façon plus durable et d’une manière plus acceptable socialement sera l'un des plus grands défis pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD).

 

 Au cours des dernières décennies, des centaines de millions de personnes ont quitté leurs foyers ruraux pour aller vers les villes, en particulier en Afrique et en Asie. Les statistiques disponibles sur celles-ci ne sont pas fiables et varient considérablement. Néanmoins, les estimations en millions montrent que 9 des 10 plus grandes villes du monde se trouvent en Asie. Ainsi, Tokyo (35), Jakarta (30), Delhi (24), Manille (24) Séoul (23), Shanghai (23) Karachi (22). Pendant ce temps, les plus grandes agglomérations métropolitaines en Afrique sont, selon un rapport des Nations Unies de 2010 : Lagos (17,5), Kinshasa (8,7), Mogadiscio (6,3), Khartoum (5,1), Dar es-Salaam (4,3), Abidjan (4,1). Les villes en Afrique sont en expansion à une vitesse à couper le souffle. En 1900, 5% de la population africaine vivait dans les villes, en 2000, le chiffre est passé à 45%, et en 2100 il pourrait monter jusqu'à 80 %.

 

 Mais pourquoi ce changement radical ? Les raisons pour lesquelles les gens quittent leur village pour aller dans les villes sont multiples, cependant, certaines d'entre elles incluent :

 

· La pauvreté : la pauvreté et la faim sont encore pires dans les régions rurales que dans les villes où il y a plus de chances de trouver au moins un travail occasionnel et d’avoir un train de vie modeste.

 

· Les conflits : Dans les situations de conflits violents et de guerre les gens échappent à l'insécurité du village pour chercher la sécurité relative de la ville.

 

· Politique : Les politiciens ont peu d'intérêt pour le développement rural. La politique est façonnée dans les villes et pour les intérêts de la classe moyenne et supérieure.

 

· La croissance de la population en Afrique, le taux moyen de fécondité est de 4,7 enfants. La population africaine pourrait atteindre 4,4 milliards en 2100. La terre devient rare et les jeunes n'ont souvent pas d'autre choix que d'aller à la ville.

 

· Le changement climatique : de fréquentes sécheresses et inondations détruisent de plus en plus les moyens de subsistance des communautés agricoles.

 

· L'attrait de la liberté : Passer quelque temps à l'étranger fait partie des rites d’initiation dans nombre de cultures africaines. En outre, la vie dans la ville offre une plus grande liberté et permet d'échapper aux contraintes de la famille élargie traditionnelle.

 

On estime que d'ici 2050, 2,5 milliards de personnes supplémentaires vivront dans les villes du monde entier. De nouvelles installations doivent être construites pour elles. Mais comment cela sera fait est une question d'importance majeure pour l'avenir de l'humanité. Certains aspects du défi méritent une plus grande attention.

 

I) bidonvilles informels : Si la tendance actuelle se poursuit d’ici 2100, 2 milliards sur les 4,4 milliards d'Africains pourraient vivre dans des taudis et ce dans des conditions effroyables, une bombe à retardement sociale potentielle.

 

II) Eau potable et assainissement : environ 150 millions de personnes n'auront pas accès à l'eau potable; quelque 750 millions n'auront pas accès à des installations sanitaires. Le changement climatique est susceptible d'augmenter le problème de la rareté de l'eau.

 

III) La pollution atmosphérique est l'une des principales causes de décès dans les mégalopoles asiatiques. Les capitales de l'Afrique suffoquent dans la circulation chaotique. Différents systèmes de transport doivent être développés.

 

IV) l'élimination des déchets est très insuffisante dans de nombreuses villes africaines. La hausse de la consommation va augmenter le volume de déchets. De nouvelles solutions sont nécessaires.

 

En raison de l'importance croissante de la gestion de la croissance urbaine, le 11e but de développement durable requiert de "rendre les villes et les établissements humains inclusifs, sûrs, résilients et durables."

 

Une étude du Conseil consultatif allemand sur le changement mondial (study of the German Advisory Council on Global Change) considère comme une condition de succès à cet égard l'intégration de trois dimensions dans le processus :

 

Maintenir le mode de vie traditionnel dans la mesure où il protège l'environnement local: Cela suppose de maintenir le réchauffement climatique en dessous de 2°, de contrôler la pollution de l'air et d'arrêter la dégradation du sol.

 

Garantir une inclusion économique et politique substantielles pour les citadins: Cela implique l'accès à l'eau potable, aux installations sanitaires, aux soins de santé, à l'éducation, à l'emploi et au logement. La participation des citoyens à l’organisation future de leur propre ville est très importante.

 

Respecter l'environnement socio-culturel et la diversité spatiale des villes et des sociétés urbaines: La diversité culturelle, le potentiel social et économique des divers groupes et l'interaction des différents agents doivent être respectés et encouragés.

 

Pour nous AEFJN, il est clair que ces prévisions catastrophiques d’ordre démographique et social sont provoquées par

-   les structures économiques mondiales d’exploitation,

-   l'activité débridée sans prise en compte des impératifs éthiques et

-   le manque de prise en compte de l'univers comme un organisme vivant dont les parties sont reliées entre elles.

 

Cette catastrophe ne pourra être évitée que par une modification des causes qui la sous-tendent. Sinon,  de plus en plus d'Africains voudront émigrer vers l'Europe en quête d’une vie meilleure malgré les dangers du voyage.

AEFJN en appelle donc à une action plus volontariste de la part de la communauté internationale pour s'attaquer aux causes socio-économiques de ce phénomène (cf. 2 Cor 6:2).

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