1504 Le conte des deux cités.
Folklores, contes folkloriques, proverbes et mythes fournissent parfois des outils plus puissants que la logique des mots pour communiquer en vérité dans le milieu social africain. Dans l’une de ces histoires, un grand-père racontait à son petit–fils une bataille qui se déroule au sein de toutes les personnes. Il disait : « Mon fils, la bataille se déroule entre deux « loups » qui sont à l’intérieur de chacun de nous. L’un est le MAL et s’exprime en colère, avidité, arrogance, mensonge, puissance, supériorité etc… L’autre est le BIEN et s’exprime en joie, paix, amour, espérance, humilité, gentillesse, bienveillance, empathie, vérité et compassion, etc. Le petit-fils réfléchit à cela pendant une minute et demanda à son grand-père : « Lequel des loups gagne ? » Le grand-père répondit simplement, « Celui que tu AS CHOISI de nourrir. » L’élément -clé dans cette histoire est l’expression « Choisir » et elle nous dit simplement que dans chaque situation et dans les choix que nous faisons, nous exerçons notre capacité d’incarner le MAL ou la BONTE. Mais que nous soyons conscients de nos choix ou non, c’est une tout autre histoire.Néanmoins, la capacité de choisir est l’exercice ultime de notre droit humain et de notre liberté. Elle exprime le cœur de notre foi dans le plan de Dieu pour une société juste, que nous, chrétiens, appelons le royaume de Dieu ou le salut de l’ego humain qui engendre l’injustice, la domination et l’exclusion, aussi appelé le royaume terrestre. C’est une dynamique facilement reconnaissable dans les relations Afrique-Europe et elle ressemble à une bataille entre Goliath et David.
Les prochains mois témoigneront des décisions qui plongeront l’Afrique dans de plus grandes guerres et conflits, pauvreté et dégradation environnementale ou qui lanceront l’Afrique sur le chemin de l’intégration socio-économique avec le ‘grand Nord’. Le Parlement Européen débat actuellement sur le ‘sourcing’, l’origine des minéraux de conflit en Afrique. Dans sa forme présente, le texte proposé n’a pas de règlement contraignant qui engagerait les sociétés à faire des recherches sur leur chaîne d’approvisionnement, contrairement à ce qu’ont fait les Etats-Unis. Cela présente une ‘façade’ face à la résolution des conflits en Afrique précipités par l’extraction des ressources par les sociétés européennes. En même temps, l’UE pousse à étendre rapidement les APE (accords de partenariat économique avec les différents blocs économiques d’Afrique.) sans l’habituel processus de ratification par les parlements nationaux d’Afrique. L’Afrique est certainement insatisfaite de la forme boiteuse des accords commerciaux et, laissés sous cette forme, les APE ne verraient pas la lumière du jour au travers des parlements nationaux africains.
Il devient impératif de se demander quels sont les besoins auxquels l’UE veut répondre dans les formes actuelles des documents ci-dessus, et qui éprouve ces besoins. Est-ce un besoin de servir la vie, de créer une solidarité économique avec l’Afrique et une société plus juste et plus paisible, ou un besoin de servir son ego, de continuer à piller les ressources africaines, par l’économie du produit intérieur brut dans un monde d’extrême inégalité et de conflit ? Il est pénible de voir, à la lumière de ces documents, ce qui est sur le point de se passer. Mais le constant effort de l’UE pour masser, grâce à son aide économique, la peine créée par sa politique économique en Afrique est très bizarre. A mon avis, il serait plus profitable de pratiquer des politiques socio-économiques différentes et plus justes, qui élimineraient le0s conditions qui, depuis des siècles, font de l’Afrique un canard boîteux.
Ce qui est espéré pour faire la différence, c’est la synergie des leaders de l’UE et de l’Afrique doués de vision. La vision d’Abraham Lincoln que la vie est plus que la marchandisation d’êtres humains, qui a renversé les structures de la traite d’esclaves ; la vision et la foi de Nelson Mandela et de Martin Luther King Jr en l’égalité des êtres humains, qui a renversé les structures respectives de l’apartheid et du racisme, et la vision de David que les conditions de vie pouvaient être meilleures pour son peuple, ce qui renversa le « tout-puissant » Goliath. La réponse naturelle à ce type de prise de conscience intérieure est un engagement radical à une façon d’être différente ; une réponse mentale à la vie, qui transformera nos structures économiques présentes en structures d’une société plus juste et plus fraternelle.