Commerce et AEFJN

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Protests against EPAs

 

Introduction

Économie-Commerce et AEFJN

L'économie est un des éléments qui, dans notre monde actuel, influence la vie des gens. Les règles du commerce ont un grand impact sur l'amélioration ou la détérioration de la vie des humains et des sociétés. D'après la manière dont le commerce est envisagé et traité, il peut apporter des avantages ou bien appauvrir des pays et des populations. Aujourd'hui le commerce international profite aux pays riches tout en laissant tomber les plus pauvres, emprisonnés dans cette grande pauvreté. Le système commercial mondial actuel est dominé par quelques puissances économiques - gouvernements des pays riches, entreprises transnationales, marchés boursiers et institutions multilatérales. Ils créent des règles qui les favorisent, imposent la libéralisation économique auprès des pauvres, les empêchant d'accéder, sur un pied d'égalité, au marché mondial.

 

Tandis que les institutions internationales : La Banque Mondiale (BM), le Fonds Monétaire International (FMI), l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), ainsi que l'Union  Européenne (UE) et d'autres affirment que la libéralisation commerciale apportera des avantages importants pour le Nord et pour le Sud, les fermiers et les ouvriers africains, les ONG et la société civile sont plus sceptiques et critiques envers cette libéralisation. Les négociations actuelles sur les Accords de Partenariat Economique (APE) entre l'UE et les pays de l'Afrique,  des Caraïbes et du Pacifique (ACP) pour une plus grande libéralisation reflètent cette division profonde. Les modèles commerciaux alternatifs existent, mais les grandes puissances ne sont pas toujours en leur faveur.

 

Pour l'Afrique les conséquences de la libéralisation signifient privatisation des services publics essentiels (transport, eau, électricité, communications) et réduction de l'aide que les gouvernements peuvent donner aux fermiers, aux producteurs et aux commerçants vulnérables. Ceci signifie que leurs économies fragiles sont confrontées aux entreprises transnationales. Bien que les matières premières d'Afrique soient très recherchées par la plupart des pays développés, le continent est mis « de côté » quand il s'agit des avantages du commerce international et de la globalisation. La pauvreté a augmenté au cours des 20 dernières années. Beaucoup de facteurs ont une influence sur cet appauvrissement, mais deux d'entre eux y contribuent considérablement: les règles du commerce international et la dette externe des pays africains.

 

AEFJN fut fondé pour traiter des questions économiques relatives à l'Afrique et pour favoriser des relations commerciales plus équitables entre l'Union Européenne et les pays africains. Le réseau vise à changer les règles commerciales actuelles injustes pour rendre possible le développement des économies et des systèmes commerciaux des pays et des communautés marginalisées du continent africain, les mettant ainsi au service de la population.

 

AEFJN avec d'autres organisations de la société civile est engagé à travailler pour la justice afin d'assurer que le commerce et la globalisation contribuent à améliorer les conditions de vie des pauvres en Afrique. Ceci signifie travailler à transformer les accords commerciaux « injustes » de l'Union Européenne et de l'Organisation Mondiale du Commerce.

 

Le Commerce entre l'Union Européenne et les pays africains

Les Conventions de Lomé

De 1975 jusqu'en 2000 les différentes Conventions de Lomé ont réglé les relations entre l'Union Européenne et les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) (ex-colonies). Les Conventions successives de Lomé se sont efforcées d'améliorer la performance commerciale des pays ACP et de favoriser ainsi leur développement et leur croissance économique. Dans ce but, la Communauté Européenne (CE) accorda aux pays ACP un accès « préférentiel,  asymétrique et non réciproque » au marché européen pour les produits provenant de ces pays. Ceci voulait dire que les pays ACP pouvaient exporter vers l'UE leurs matières premières sans payer de droits de douane, alors que pour les produits de l'UE des droits de douane devaient être perçus à l'entrée dans les pays ACP. Cette « asymétrie » a favorisé les exportations des pays ACP en Europe et leur a permis d'obtenir des revenus des droits de douane provenant des marchandises importées d'Europe.

 

Le régime de Lomé offrait aux pays ACP la possibilité de poursuivre des politiques pro-développement, tels la protection des industries locales et l'accès au marché européen. Ce régime fut une formule réussie pour les îles Maurice et le Botswana qui ont vu leur PIB par habitant fortement augmenter  (de moins de USD 300 au moment de l'indépendance à USD 10,000 en 2002). Ces préférences n'ont pourtant pas empêché l'augmentation de la pauvreté dans la plupart des pays africains. La Convention de Lomé a maintenu les ex-colonies dans leur rôle d'exportateurs de matières premières et n'a pas favorisé la diversification ni le développement des industries pour accroître  la « valeur  ajoutée » des matières premières. Une autre critique s'adresse à ces conventions ; ces accords « asymétriques » violaient les normes de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC).

L'accord de Cotonou

L'expiration de la Convention de Lomé IV  en février 2000 et les changements majeurs dans le monde et dans les pays ACP - augmentation de la pauvreté, instabilité, conflits - ont accentué le besoin d'un autre modèle de coopération. Un nouvel accord entre les ACP et l'UE fut négocié.  Il fut signé le 23 juin 2000 à Cotonou, Bénin, par les 77 pays ACP et les quinze Etats Membres de l'Union Européenne. Le nouvel accord de Cotonou est entré en vigueur en 2002 et se conclura en février 2020. Pour garder le régime « asymétrique » jusqu'en décembre 2007, l'EU et les pays ACP ont demandé un accord spécial (waiver) à l'OMC, qui a été accordé.

Les accords de partenariat économique (APE) entre l'UE et les pays ACP

En signant l'accord de Cotonou, l'UE et les états ACP se sont mis d'accord sur un processus pour établir des accords de partenariat économique (APE) qui poursuivront la libéralisation commerciale entre les signataires et créeront des secteurs régionaux de libre échange. Ces nouveaux accords « de libre échange » sont en cours de négociation. Ils supprimeront progressivement les entraves au commerce libéralisé dans les échanges commerciaux entre l'Afrique et l'Europe. L'asymétrie et « les préférences unilatérales » accordées aux ACP dans les Conventions de Lomé disparaîtront dans les nouveaux accords commerciaux, les APE. Les 77 pays ACP devront ouvrir leurs frontières aux produits venant de l'UE au cours d'une période de douze ans et établiront une zone de libre-échange (ZLE), basée sur la réciprocité, avec l'Union Européenne (UE). Les APE  seront compatibles avec les exigences de l'OMC.

 

Selon l'UE, la libéralisation progressive des barrières dans les échanges commerciaux vis-à-vis des importations de l'UE augmentera l'accès au marché vers l'UE pour les pays ACP. Les négociations  incluront aussi le renforcement du processus régional d'intégration entre les pays ACP. Mais l'UE met aussi sur la table des négociations des APE les secteurs des services, de la concurrence et des investissements, refusés à l'OMC par les pays ACP.

 

La Commission Européenne est le négociateur des APE  au nom de l'Union Européenne. Il y a sept groupes de négociation des pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique: cinq groupes en Afrique, un dans les Caraïbes et l'autre dans le Pacifique.

Aspects des APE et leurs conséquences pour l'Afrique

Partenariat. Même s'ils sont appelés des Accords de Partenariat Economique, le niveau de développement des deux régions qui négocient (l'UE et les ACP) est extrêmement inégal. L'UE est la principale puissance commerciale mondiale et fournit la majeure partie de l'aide au développement aux états ACP. Ceci signifie des relations non équilibrées de pouvoir. Quelle association authentique peut avoir lieu entre des pays tels que le Lesotho, le Mali, le Burkina, avec l'UE ?

 

Libre échange et accès au marché. Les APE demandent aux pays ACP de supprimer  jusqu'à 80% de leurs taxes douanières afin de gagner l'accès au marché de l'UE. Les régions de libre échange représentent un grand risque pour les pays ACP qui ont peu de chances de gagner un meilleur accès au marché européen à cause d' une série de règles de l'UE (sanitaires, géographiques, etc.), alors qu'ils verront en même temps leur agriculture - de laquelle vivent 80% de la population rurale en Afrique - être mise sous pression par la concurrence des importations européennes, bon marché parce que subventionnées. Les industries naissantes ACP seront en danger vu leur impossibilité de concurrencer les compagnies européennes et beaucoup d'entre elles devront cesser leurs activités, ce qui amplifiera la désindustrialisation, le chômage et le malaise social. Au Kenya des produits tels que l'engrais, le ciment, le sel, les médicaments, le papier et ses dérivés, les chaussures et les insecticides sont susceptibles d'avoir à faire face à la concurrence des producteurs de l'UE, une fois établies des taxes douanières minimes sur les produits intermédiaires et finis. Les politiques commerciales actuelles de l'UE - sans APE - mettent déjà en danger l'aviculture locale.

 

Accès au marché. L'Union Européenne [UE] présente les APE comme une occasion unique pour permettre aux pays ACP l'accès au grand marché européen. Mais les exportations de l'Afrique rencontrent des obstacles dans l'accès à ce marché, ainsi  les complexes règles d'origine (R.O), les mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS), les barrières non tarifaires (BNT) et les entraves techniques aux échanges. Ces règles fixent des normes telles que la plupart des produits africains  ont peine à atteindre le marché européen.

 

Effets des revenus. Les pays ACP basent une partie des revenus gouvernementaux sur les tarifs douaniers. L'élimination des droits de douane sur pratiquement tous les produits venant d'UE produira un déclin significatif du revenu des gouvernements donc  moins d'argent pour les infrastructures, l'éducation, la santé, les services sociaux. Ceci provoquera l'augmentation du chômage, l'insécurité économique et l'instabilité politique.

 

Le développement demeure le secteur de divergence principal dans les négociations des APE entre l'UE et les différentes régions ACP. La réduction de la pauvreté et le développement sont les points principaux de l'accord de Cotonou mais une libéralisation commerciale rapide n'est pas la meilleure façon de développer des pays, comme l'Afrique l'a éprouvé lors des programmes d'ajustement structuraux.

 

Des ressources additionnelles. L'ouverture du marché ne suffit pas pour que le commerce joue son rôle dans le développement économique. Pour que les APE  soient efficaces, en stimulant le développement des pays africains et des marchés régionaux, les pays de ce continent doivent établir leur compétitivité et la renforcer. Ils ont besoin de ressources pour augmenter leur capacité de production, pour faire face aux  contraintes du côté de l'offre, pour leur infrastructure et pour les contraintes relatives au commerce. L'UE a convenu d'un montant d'environ € 22 milliards pour le 10e Fonds Européen de Développement (FED), le seul fonds destiné à l'ajustement des APE. Cette somme du FED est bien loin des montants exigés par les pays ACP. Dans la région d'ESA, par exemple, les ressources constituent seulement la moitié de ce dont on a besoin.

 

Intégration régionale. Bien que les APE  visent à stimuler l'intégration régionale, l'effet le plus probable sera le minage d'une réelle intégration régionale. Des pays d'une même région sont soumis à différents régimes commerciaux avec l'UE : les pays moins développés (LDC) peuvent exporter librement vers l'UE sous « Tout sauf les armes » et les pays en voie de développement devront ouvrir leur marché afin d'exporter librement vers l'UE. Les LDC sont en face d'un grand dilemme: maintenir leur accès non-réciproque au marché européen sous le « Tout sauf les armes » et abandonner leur groupe régional ou bien rester avec leurs associés régionaux et ouvrir leur marché à l'UE. Ceci peut désagréger les blocs régionaux existants et mettre les pays en concurrence directe les uns avec les autres dans l'attraction des investisseurs étrangers. En réalité  une réduction du commerce intra africain allant jusqu'à 18 pour cent peut être une des conséquences des APE.

 

L'ACP est divisé en 7 régions pour négocier des APE séparés, dont 5 en Afrique :

CEDEAO (Afrique occidentale): Bénin, Burkina Faso, Cap Vert, Côte d' Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Sierra Leone et Togo.

CEMAC (Afrique centrale): Cameroun, République centrafricaine, Tchad, Congo-Brazzaville, Sao-Tomé-et-Principe, République démocratique du Congo, Gabon et  la Guinée équatoriale.

ESA (Afrique australe et orientale): Comores, Madagascar, Malawi, Iles Maurice, Seychelles, Zambie et Zimbabwe.

EAC (Afrique orientale): Burundi, Kenya, Ouganda, Rwanda et Tanzanie

SADC (Afrique australe): Angola, Botswana, Lesotho, Mozambique, Namibie et Swaziland.

 

2. Le Commerce et l'Afrique

Notre monde est plein d'injustices et d'inégalités. Les « structures » - institutions, conditions, règles et pratiques - du commerce international appauvrissent des personnes et des régions. Dans la plupart des pays africains le système du commerce international a eu une influence négative sur  la vie des populations  et des communautés en les maintenant dans l'indigence et la dépendance de l'aide.

 

Le commerce a toujours existé. Si l'échange est fait avec justice,  il a le potentiel de promouvoir la croissance et la prospérité  et d'augmenter le bien-être humain. Mais le commerce, dans des conditions inégales, est nuisible, crée et maintient des injustices, des abus, exploite les plus faibles et peut mener à la pauvreté, à la violence, au conflit et à la destruction environnementale. Le commerce devrait être un moyen de partager les ressources de la terre et les fruits du travail humain. Pourtant c'est, trop souvent, une force qui charrie  la pauvreté, le désespoir, l'injustice et la mort, particulièrement dans le Sud.

 

Les APE et l'Afrique

Les Accords de Partenariat Economique (APE) négociés par l'UE et les pays ACP offrent certaines de ces possibilités. D'un côté ils ouvriront le marché africain aux compagnies européennes et bénéficieront à quelques uns en Afrique mais, d'autre part, ils peuvent être une menace pour le bien-être d'une grande partie des africains. L'UE présente  les APE comme un commerce « entre amis » mais la réalité montrent qu'ils sont plus exigeants que l'OMC dans les conditions émises: propriété intellectuelle plus forte, inclusion des secteurs relatifs au commerce - services, concurrence et investissement. Les conditions et le temps limite imposé par l'UE laissent peu d'espace aux pays africains pour rechercher et articuler des solutions de rechange plus pro-développement.

 

Si les Accords de Partenariat Economique (APE) sont signés, tels que conçus par l'UE, certains de leurs impacts en Afrique amèneront :

 

Une plus grande instabilité économique en raison de l'élimination des barrières tarifaires et la diminution significative de revenus gouvernementaux, réduisant ainsi l'investissement social (infrastructures, éducation, santé, services  sociaux) ;

Une insécurité alimentaire chronique due  à la diminution des produits agricoles et, en conséquence, la suppression du gagne-pain pour des millions de personnes;

La menace de  fermeture des usines locales ce qui augmentera le chômage et retardera l'industrialisation ;

L'affaiblissement de  secteurs du détail dans les services et les biens en raison de la force des compagnies européennes ;

Les contrats et les offres de fournitures du gouvernement réduiront les impératifs économiques et préférentiels nationaux;

Des pertes significatives pour le bien-être social, surtout dans le pouvoir d'achat des consommateurs et la provision de services sociaux de base de la part des gouvernements qui ont perdu des revenus cruciaux ;

 La fuite des capitaux des pays africains au détriment des entrepreneurs locaux, des coffres de l'état et  des groupes à faible revenu, propriétaires terriens;

La dépossession des propriétaires des terres  indigènes et la perte de leur gagne-pain pour les fermiers africains dans la mesure où des produits non essentiels pour l'exportation - (fleurs, légumes, fruits) et le tourisme (grands parcs de safari) prendront la priorité sur les besoins de la  population et la sécurité alimentaire ;

La perte des objectifs de  développement des pays africains et la perte de souveraineté des peuples et des états ;

Un processus d'intégration régionale affaiblie et l'inversion des gains acquis jusqu'à présent ;

 La réduction de l'espace politique pour concevoir des politiques économiques en faveur des pauvres.

 Confronté à cette réalité, AEFJN sent l'engagement moral de travailler pour transformer ces accords commerciaux dans des accords bénéfiques à l'Afrique.

 

3. Le Commerce et AEFJN

3.1. L'engagement d'AEFJN

Les politiques commerciales courantes contribuent à la pauvreté et augmentent l'inégalité en Afrique. Les accords internationaux et la manière de les comprendre favorisent la marginalisation de tout un continent.

Le système néo--libéral subordonne l'être humain au « marché » et contribue au dépouillement de la nature. Ceci va à l'encontre de la volonté de Dieu. Le commerce injuste et inéquitable tue la vie tandis qu'un commerce juste et loyal  la fait grandir. Comme chrétiens nous devons mesurer les conséquences des échanges commerciaux dans la perspective du royaume de Dieu et de sa justice. La loi de l'amour, noyau du christianisme, inclut la justice, la prise de position du coté  des pauvres et la promotion de  l'intérêt de l'autre. L'enseignement social de l'Eglise (ESE) met les êtres humains au centre de toute politique - le commerce devrait être au service des personnes. Ceci est juste l'opposé du système néo-libéral où les gens doivent servir les règles anonymes du marché.

 

AEFJN est concerné par les africains, principalement les victimes du système néolibéral actuel: les pauvres. L'évangile et l'enseignement social de l'Eglise, où la dignité de chaque être humain est la valeur suprême, nous guident, en tant que chrétiens. L'action d'AEFJN est orientée vers un commerce plus juste, tourné vers la personne et qui contribue à la dignité de tous, à la réduction de la pauvreté, à la distribution juste de la richesse et au respect de la création. AEFJN travaille donc pour des conditions meilleures dans les négociations actuelles des APE pour l'Afrique, pour que les APE deviennent des accords de « commerce juste » au lieu du désir de l'UE d'en faire des accords de « libre échange ».

3.2. Commerce et droits fondamentaux

Le commerce et l'économie ne sont pas un but en eux-mêmes, mais doivent être au service de l'être humain. Les règles commerciales devraient être un instrument pour la promotion du bien-être humain, de communautés durables et de la justice économique. La politique économique néolibérale laisse une empreinte sur les droits humains et sociaux.

 

Les politiques commerciales devraient respecter les droits sociaux et économiques qui sont une obligation légale. En août 1998, la sous-commission de l'ONU sur la promotion et la protection des droits humains a adopté une résolution réclamant la reconnaissance des droits humains comme le premier objectif du commerce, de l'investissement et des politiques financières. Les droits humains,  inclus dans la charte de l'ONU  qui prévaut au-dessus de tous les autres accords internationaux et protecteurs des aspects fondamentaux de la dignité humaine, devraient avoir priorité sur les accords et les politiques économiques. Ces principes de droit défient l'injustice économique, les règles commerciales injustes dans les accords internationaux de commerce.

 

En favorisant à tout prix « le libre échange », les institutions internationales (OMC, FMI, BM, UE) cherchent à éliminer les interférences possibles de normalisation.  La libre circulation de biens et de services limite la capacité d'un gouvernement de légiférer en faveur du développement, de la protection de l'environnement ou du souci des groupes vulnérables ; ceci constitue une négation des droits fondamentaux des peuples et des sociétés. Le respect des droits humains et sociaux exige des états de prendre des décisions qui visent  à respecter ces droits fondamentaux  de leur population et de ne pas empêcher la jouissance des droits humains dans d'autres pays. Les droits fondamentaux ont également une force morale en tant que principes moraux pour tous. Ce respect pour les droits économiques et sociaux exige une action positive.

 

Bien que la plupart des états aient ratifié la Convention internationale sur les droits économiques, sociaux et culturels, ceux-ci  sont actuellement violés par les accords commerciaux qui favorisent le commerce international en limitant la capacité des gouvernements d'agir dans l'intérêt public. Des lois favorisant la sécurité alimentaire, la faune et la lutte contre la pollution ont été défiées et affaiblies par les règles commerciales en tant qu' « entraves illégales au commerce. » Les avocats des droits de l'homme ont une tâche importante : s'assurer que le commerce et les règles commerciales respectent, favorisent et promeuvent les droits humains. La politique commerciale devrait être plus transparente, responsable et sensible envers les besoins du peuple qu'elle  dit servir, elle devrait être plus respectueuse du développement et plus légitime.

 

3.3 Le commerce, L'Evangile et l'Enseignement Social de l'Eglise (ESE)

 

La Dignité de chaque personne humaine

À la lumière de l'évangile, une personne est non seulement un être humain avec ses propres droits et en égalité fondamentale avec les autres, mais elle devient une image vivante de Dieu. Ceci fait de chaque individu une personne qui mérite la dignité et le respect et ceci doit être vrai aussi dans toutes les activités commerciales. Toute activité économique - comprenant le commerce des biens et des services des pays pauvres où les conditions de travail dans les usines et les prix réduits laissent beaucoup à désirer - doit respecter et renforcer cette dignité humaine.

 

La personne humaine est sociale

La personne humaine créée à l'image de la Trinité - une relation d'amour tout donné - est sociale, en relation avec d'autres. Dieu a créé les êtres humains en société, à l'image de Dieu-Trinité, comme une communauté, un peuple, pas comme des individus. Ceci implique un engagement moral envers les autres êtres humains et conduit les chrétiens à travailler pour une société juste et équitable où personne ne devrait être opprimé ou marginalisé, où chaque personne a le droit d'avoir le minimum nécessaire  et le devoir de prévoir ce minimum pour chaque membre de la communauté humaine.  Le respect du bien commun exige que les droits de la personne et des communautés soient préservés et prennent le pas sur n'importe quel autre gain économique. Ceci devrait être la loi suprême régissant les relations commerciales et économiques. Les appels en vue du bien commun nous invitent à étudier  politiques,  stratégies et  décisions et leur impact sur la communauté entière.


La réduction de la pauvreté

L'éthique évangélique  et  chrétienne  accorde clairement la priorité aux pauvres parce que la bonne nouvelle de Dieu en Jésus-Christ est d'abord pour eux. Le principe biblique de l'appui particulier au plus pauvre devrait être appliqué au système marchand mondial en cours. Un système international juste devrait avoir des règles qui soutiennent explicitement un vrai « traitement spécial et préférentiel » envers les pauvres. Le commerce juste doit être « équitable » de sorte que chacun reçoive une partie équitable des ressources terrestres, ait l'occasion de se développer et s'épanouir comme être d'humain et ait la possibilité d'exercer sa responsabilité individuellement et envers les autres.

 

Des sociétés vivant en paix

La paix ne peut exister dans les disparités extrêmes de la richesse. Seules les communautés, les économies et les sociétés qui s'inquiètent du plus faible sont durables et peuvent vivre dans la paix.

Pour la réconciliation au sein d'une société, où le « shalom » devient réalité, il faut des systèmes économiques et commerciaux justes et équitables. Le système commercial actuel refuse les bénéfices du commerce à presque tout le continent africain. Ceci peut générer insécurité et  conflits. Il nous incombe, comme chrétiens, de travailler vers  une inclusion de  tous dans les réseaux et les profits dont la plupart des Africains sont exclus.

 

Durabilité de création

Les ressources de la création sont dons de Dieu, à nous d'en faire un usage judicieux, consciencieux et efficace dans le respect de leur interrelation et sans les dilapider, face aux générations futures. Le commerce est étroitement lié à l'environnement. La production et le transport des biens et le commerce des services contribuent pour une large part à la destruction environnementale. Un commerce centré  sur les personnes et sur le développement durable pourrait aider à la guérison de  la création blessée.

 

Participation à la prise de décision

La dignité de chaque personne comme membre d'une société fait surgir la valeur de la participation. Il y a violation de la dignité humaine quand l'individu n'est pas maître des décisions relatives à sa vie : réception de l'aide, incapacité à vendre sa production, impossibilité de trouver du travail. Le respect de cette dignité implique la mise sur pied de moyens qui assurent chacun de pouvoir participer aux prises de décisions, d'apporter une contribution efficace selon ses compétences.

 

Chacun a le droit de pouvoir exprimer son avis dans des décisions qui le touchent mais aujourd'hui des personnes et des pays en sont écartés. Beaucoup d'accords internationaux amoindrissent le pouvoir de certains états et sont signés sans participation de la population même quand ils auront un impact sur elle.

 

APE et AEFJN

 

AEFJN est profondément concerné par le fait que les APE proposaient des accords de commerce libéralisé avec en conséquence une crise agricole africaine, déjà vécue à ce jour par les fermiers africains, exacerbée ainsi qu'une augmentation de la pauvreté et la violation des droits humains. AEFJN croit que les APE proposés n'assurent pas la protection des droits des citoyens, la souveraineté des états ni le respect des propositions formulées dans l'Accord de Cotonou qui stipulent qu'aucun pays ne doit connaître une aggravation de sa situation qui résulterait d'un tel partenariat.

 

4. Palidoyer commercial et  lobby

AEFJN plaide en général pour:

Des conditions commerciales plus  équitables entre l'Union Européenne et les pays africains.

Un système économique et commercial créateur de justice entre et au sein des pays, des communautés et qui créent des opportunités pour tous.

Des règles qui régissent le commerce en faveur des pays africains les plus pauvres, leur procurant une aide et une protection  spéciales (Il n'est pas juste de parler  d' « égalité » quand la situation entre pays riches et pauvres diffère à ce point).

 

Les gouvernements africains devraient avoir la liberté et le droit de choisir les politiques économiques à même de lutter contre la pauvreté. La libéralisation du commerce et la privatisation ne devraient pas leur être imposées.

Les pays en développement devraient pouvoir protéger et aider leurs agents commerciaux vulnérables ainsi que leurs nouvelles industries.

Protéger et encourager  le respect de tous les droits humains.

 

Au sujet des APE, AEFJN demande un partenariat UE-ACP qui va :

Protéger les producteurs africains sur les marchés domestiques et régionaux.

Se baser sur le principe de non-réciprocité, tel qu'institué dans le système généralisé des préférences ainsi que du traitement spécial et différentiel en vigueur à l'OMC.

Renverser la pression exercée par la libéralisation du commerce et des investissements.

Accorder l'espace et le soutien nécessaires pour une politique des pays ACP qui veut poursuivre le développement de chaque état.

Stratégies pour le plaidoyer et le lobby

La société civile et la mobilisation tant au plan de l'UE qu'au plan national peuvent recevoir un appui important grâce à la défense des droits humains. En leur nom, une large part de l'opinion publique se mobilise


Les questions relatives aux droits humains apportent un "poids" supplémentaire aux questions de politique économique. Les gouvernements devraient être confrontés aux conséquences , pour les droits humains, de leur décisions de politique économique, tant au plan national qu'international et des conséquences engendrées par la violation de leurs obligations.

Le plaidoyer d'AEFJN se fait auprès des différents corps de l'UE pour les sujets en lien avec l'Afrique: la Commission européenne (la DG Commerce et la DG Développement), le Parlement Européen et le Conseil.

AEFJN fait du plaidoyer auprès des pays members de l'UE par le biais de ses antennes nationales.

AEFJN est en lien avec certains centres de presse en Europe et en Afrique auxquels il envoie des communiqués de presse sur différents sujets.

 

AEFJN fait partie d'une série de plateformes qui étudient les APE:

The African Trade Network (ATN) (Le réseau du commerce africain)

The Our World is Not For Sale (OWINFS) ( Notre monde n'est pas à vendre)

The Concord-Cotonou Working group on Trade. (Le groupe de travail Concord-Cotonou sur le commerce)

The PAN-European Action Group on EPAs. EPAs 2007. (Le groupe d'action PAN-européen sur les APE)

The Stop EPA coalition. (La coalition Non aux APE)

The DG-Trade EU-Civil Society Dialogue. (Le dialogue entre la DG Commerce UE et la société civile)